Retour à Gibara : quel cinéma ?

Le festival historique a perdu son adjectif « pobre » mais gagné une nouvelle popularité avec le président Perugorría, le plus en vue des hommes de cinéma cubains. Si vous avez raté les épisode précédents, je vous invite à lire l’article Festival Internacional del Ciné Pobre : 12e !

Voilà, vous savez maintenant qu’après  la mort de son fondateur Humberto Solás, le festival s’épuise et menace de disparaître. Dommage pour Gibara et pour le cinéma… Mais il y a peu, les instances nationales reprennent les choses en main et nomment Jorge Perugorría président.

Les cubains Jorge Perugorría et Miguel Barnet avec le portoricain Benicio del Toro. Photo FIC Gibara, droits réservés.

Perugorría ? Alors… si pour vous Jorge (Pichi pour les nationaux) est toujours le Diego de Fresa y Chocolate, sachez qu’il a parcouru un beau chemin international depuis : de Steven Soderbergh à Laurent Cantet en passant par le personnage du Condé dans les adaptations des romans de Padura… Il est même devenu réalisateur et a été invité à rejoindre la grande famille de l’Académie des Oscars États-Uniens. La classe. Par ailleurs, il a ouvert une galerie dans La Habana Vieja dont je vous disais deux mots dans l’article Ciné de quartier avec Perugorria. Cette édition 2017 sera la première qui porte sa marque. Et une sérieuse volonté de changement :


Le festival cherchera un dialogue plus ample et pluriel entre toutes les zones cinématographiques. Il sera toujours une alternative, mais surtout une plateforme où toutes, absolument toutes les voix de l’audiovisuel peuvent confluer, sans les étiquettes de cinéma indépendant, industriel, marge, centre, tiers monde ou premier monde


Belle déclaration d’intention mais je risque deux remarques : Premièrement on se demande comment un film réalisé avec 3 bouts de ficelle peut rivaliser avec une production industrielle, ne serait-ce qu’en termes de communication ? Et par ailleurs, à bien éplucher le programme, je trouve que les voix féminines sont ultra minoritaires dans les sélections officielles. Voilà c’est dit. Tremble, Pichi ! Car l’auteur de ces lignes est féministe !

Cela s’arrange un peu avec les jurys des différentes sections où la parité est presque atteinte, avec notamment Diana Vargas, directrice artistique du Havana Film Festival New York, Natalia Bolivar, femme à l’immense culture,  spécialiste des orishas à Cuba, Eirene Houston qui vient de créer le Havana Glasgow Festival ; et les réalisatrices espagnoles Marina Fernández Ferri et María Rosa Badia.

La place de Gibara un soir de festival. Photo FIC Gibara, droits réservés.

Mexique, Géorgie, États-Unis, Cuba, Chili… voyez le programme de la sélection officielle des longs métrages de fiction ici et celui des documentaires ici. On y trouve notamment l’impressionnant El Tren de la Linea Norte, vu l’année dernière au Havana Film Festival New York. Et comme Gibara est à la fête pendant l’événement, voyez aussi le programme des concerts, spectacles et expos. Chaudes nuits en perspective !

Moi qui n’ai littéralement rien vu à Gibara, au delà d’une petite ville portuaire grelottant sous l’averse, son musée archéologique, ses couleurs pastel, ses rues tirées au cordeau, ses éoliennes au loin et surtout la longue, très longue route pour venir depuis Holguin… je suis émerveillée qu’un festival puisse s’y développer ! Je note au passage qu’il y a, en France, peu de villes de 73 000 habitants qui disposent d’un vrai cinéma et qui puissent se vanter d’accueillir un festival international.

Boutique La Marina, à deux pas du cinéma de Gibara, octobre 2015.

Ah oui j’oubliais : on attend Victoria Abril et Benicio del Toro parmi les invités. Bon festival !


Pour connaître le palmarès du festival, consultez le site FIC Gibara.

Photo à la Une : l’entrée du Ciné Jiba et sa fresque représentant Humberto Solás, réalisateur de nombreux films devenus cultes (Lucia !) et fondateur du Festival Internacional del Ciné Pobre.


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