Ici et maintenant : Festival de San Isidro

Pour un jour, la calle San Isidro est en fête. Nous sommes le vendredi 16 novembre 2018 : Si vous êtes à La Havane et que vous lisez cet article dès parution, vous avez le temps de vous rendre sur place pour profiter de cette block party à la cubaine !

San Isidro, c’est une rue et par extension un quartier de la capitale cubaine, parmi les plus pauvres et les plus ingrats. Des gens formidables l’habitent, qui luttent au jour le jour pour préserver leur dignité et leur qualité de vie.

Parque La Ceiba, calle San Isidro, un 26 juillet 2018…
Une galerie de plus à l’angle de Leonor Pérez et Monserrate, à deux pas de la calle San Isidro

Depuis peu le quartier abrite quelques galeries d’art et reçoit la visite du monde entier. J’ai déjà eu l’occasion d’écrire sur ce phénomène de gentryfication (voir l’article San Isidro est-il le prochain SoHo ?) qui est à considérer ici comme une chance à tenter pour se sauver du naufrage…

Toujours est-il que la Galeria Taller Gorría (GTG pour les initiés), dirigée par le jeune Adan Perugorría, a des ambitions pour le quartier et le prouve en invitant régulièrement des graffeurs et en organisant un festival d’une journée, gratuit et ouvert à tous.

Demandez le programme

Il est 17h, direction le Parque de la Ceiba, à l’angle de Picota. L’équipe de Clandestina déploie son matériel de sérigraphie, vous amenez votre T-shirt et hop : En deux coups de raclette, vous voilà propriétaire d’un modèle exclusif barré du slogan Actually, I’m in San Isidro. C’est l’opération Dame tu Pulóver, aussi simple que ça. Mais dans un pays où le T-shirt de marque est un objet de convoitise, c’est un geste fort.

Clandestina, opération Dame tu pulóver, Barrio Chino 2017.
Pionerito aux couleurs du socialismo, Santiago de Cuba 2012

Pas le temps de traîner, vous êtes attendus chez El Artista pour le vernissage de l’expo La Azul o la Roja ? No, sin pañoleta de José Diego Reina Utset. J’ai beau fouiller, aucune info sur l’artiste mais le titre (Rouge ou bleu ? Non, sans foulard) est une allusion évidente aux pioneritos et pioneritas qui tous les matins à heure fixe partent à l’école vêtus de leur uniforme bien repassé.

Retour à la Ceiba pour assister à Sirvientas en La Habana, une proposition d’Ana María Paredes, conteuse très active dans les quartiers de La Havane, avec le groupe Palabras Andante.

Enfin aux alentours de 19 h, les ombres s’étirent et vous vous dirigez vers GTG pour le vernissage de Pasando por la Orilla, du jeune plasticien Arlés Del Rio. Lors de la dernière Biennale de La Havane, il avait proposé une œuvre qui invitait au décollage immédiat. On espère qu’il vous fera planer aujourd’hui.

Arles del Rio, Fly Away. Biennale de La Havane 2015. Photo droits réservés.

Bémol

Vous avez peut-être entendu parler du decreto 349, qui agite le monde de la culture à Cuba. Si ce n’est pas le cas je vous invite à jeter un œil à l’article L’art est-il politique ?

Le noyau de la contestation se trouve précisément à San Isidro, mené par Luis Manuel Otero Alcantara et, entre autres, Tania Bruguera. L’équipe a publié récemment un Manifiesto de San Isidro, suite à l’interdiction d’un concert qu’ils souhaitaient offrir, eux aussi, dans l’espace public. Entre Museo de la Disidencia et #00Bienal, ils font souvent parler d’eux !

Silence radio de part et d’autre, Taller Gorría ne mentionnant jamais ses turbulents voisins et vice versa. Mais rien ne vous empêche de profiter de votre présence dans le coin pour les rencontrer !

Une passante et un logo : #00Bienal. Calle Picota, été 2018.

Photo à la Une : Festival San Isidro 2018 : l’art est dans la rue ! Photo Galeria Taller Gorria. Gracias !

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