Bienal de La Habana

Entre la Idea y la Experiencia

À vivre absolument pour ceux qui auront la chance d’être sur place (pas moi hélas) entre le 22 mai et le 22 juin : la XIIe édition de la Biennale de La Havane ! Entre les multiples lieux d’expositions, les 42 pays représentés, les performances itinérantes, les projections et le théâtre permanent des rues de La Havane, il y a de quoi perdre la tête :

Une performance de 60 heures de Nikhil Chopra, la performance No Vendo Nada de Dolores Cacéres, notre Daniel Buren national dans la Calle San Lázaro, Wounds and Absent Objects d’Anish Kapoor au Ciné Payret, Opera Cubanacán du compositeur Roberto Valera à l’ISA¹, les espagnoles Maria La Ribot et Cuqui Jerez (performances) au Théâtre El Ciervo Encantado, une série d’interventions de Susana Pilar Delahante Matienzo dont les seuls titres donnent envie de se jeter sur un billet d’avion : Concurso de cabello afro natural, Concurso de fuerza para mujeres… ne sont qu’une infime partie des événements proposés !

L’énorme équipe d’organisation, qui siège au Centro de Arte Contemporáneo Wifredo Lam, met à jour régulièrement le programme sur un site dédié. Aucune info en revanche sur le financement de l’opération – un tour de force ! car contrairement aux habitudes françaises les logos des tutelles-partenaires-sponsors-mécènes n’occupent pas une page entière du site… juste la présence discrète de l’Agencia de Turismo Cultural Paradiso (hommage à Lezama Lima ?)  qui se propose d’organiser le séjour des culture vultures internationaux.

Un peu d’histoire

1984 : première édition de la Biennale de la Havane avec des œuvres d’artistes d’Amérique latine et des Caraïbes. Deux ans plus tard l’Afrique et l’Asie sont également représentées. En 1989 la Biennale a pour thème Tradition et contemporanéité, elle accueille environ 300 artistes et 850 œuvres de 41 pays. Les thématiques des années suivantes (Le défi de la colonisation en 1991, L’autre rive – les migrations ou Hybridations culturelles, échanges en 1994) sont souvent liées à l’histoire et l’actualité sociale de la Caraïbe.

La reconnaissance de la Biennale à l’international ne se fait pas attendre : Une sélection est exposée en 1994 au Ludwig Forum International art à Aachen. 1997 : en pleine Période Spéciale, la Biennale a pour thème Individu et mémoire et se développe sur une vingtaine de lieux. S’y ajoutent des performances (de Manuel Mendive entre autres) dans l’espace public.

La dernière édition (juin 2012) avait pour thème Pratiques artistiques et imaginaire social. Centrée vers la jeune création africaine et caribéenne, elle accueillait autant de manifestations dans le In que dans le Off. Parmi les artistes invités : Marina Abramovic, Gabriel Orozco, Hermann Nitsch… un projet collectif des artistes de l’ISA et le lancement du MAC/SAN (Museo de Arte Contemporaneo de San Agustín). Et… Happily Ever After, de la Cubaine Rachel Valdés Camejo avec son long mur de miroirs le long du Malecon. D’ailleurs le thème du « mur » en référence à la chute de celui de Berlin a été beaucoup repris dans la presse internationale à partir du 17 décembre 2014.

Comme quoi pour connaître l’avenir il faut regarder les œuvres.

Voir aussi la page Arts visuels.


¹ L’ISA (Instituto Superior de Arte), construit au début des années 60 dans le quartier de Cubanacán sur le site de l’ancien Jockey Club. Son architecture organique de briques a vite été désavouée par le régime qui croyait beaucoup à l’époque aux modules préfabriqués. Ricardo Porro, son architecte, a dû s’exiler en France. Opera Cubanacán conte l’histoire difficile et tragique de ses premières années. Voir aussi Dancing with Cuba, Salon 3 et la page Architecture.

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